Nous mettons en ligne le texte intégral d'une intervention d'Oskar Lafontaine prononcée au Bundestag le 15 Octobre dernier. Laf_bundestag_15_10_08
Son traducteur présente et commente ce texte:
L’intervention d’Oskar Lafontaine au Bundestag le 15 octobre dernier dans le débat parlementaire sur les mesures qu’il conviendrait d’adopter face à l’ampleur de la crise financière que nous avons tenu à traduire ici intégralement, est pleine d’enseignements sur la manière dont Die Linke, érigée en modèle par certains de ce côté ci du Rhin, aborde cette question clé sur le fond.
L’analyse sur le rôle des élites politiques germaniques, d’ Angela Merkel à Hans Tietmeyer (ex président de la Bundesbank et son conseiller dans la crise), sur leurs responsabilités quant aux déréglementations et aux pouvoirs ainsi accordés aux marchés financiers ces dernières années sonne souvent juste et souligne, au passage, les qualités de tribun de l’ex ministre des finances, ex leader du SPD. Son constat et sa grille d’analyse portent indéniablement une marque de gauche. Le volet proposition et réponses à la crise apparaît en revanche bien plus conventionnel et limité.
Le texte illustre en effet une démarche qui cantonne ces propositions à un retour à l’économie sociale de marché des années 70, plaide une régulation des banques en se référant au… « bien être des nations » d’Adam Smith, le théoricien du capitalisme moderne, ou au contrôle public des agences de notation. Ce qui n’est pas sans rappeler la teneur des démarches officielles si limitées - et pour cause - de Paris, Berlin ou Bruxelles. Dans la même veine il va jusqu’à rendre hommage aux efforts de Nicolas Sarkozy dans l’exercice de la présidence française de l’UE pour avoir tenté d’apporter une réplique coordonnée de l’Europe à la crise. Et, porté par cet élan, le co-président de Die Linke appelle de ses vœux « un gouvernement économique » de l’UE, tel que « revendiqué par Jacques Delors. »
Dès lors (sans jeu de mot) si on conçoit combien le dialogue avec le parti d’Oskar Lafontaine et de Lothar Bisky, vrai partenaire au sein de la gauche européenne, est indispensable, on comprend aussi combien serait erroné l’alignement sur son prétendu modèle. Nous avons voulu donner l’intégralité de ce document pour que précisément chacun puisse, sans raccourcis, sans en passer par des citations forcément arbitraires, disposer des éléments pour nourrir sa propre réflexion sur le sujet dans toutes ses dimensions.
A nos yeux ce texte illustre plus que jamais combien il est nécessaire de faire vivre une alternative et un parti communiste français, capable d’affirmer et de faire vivre des propositions permettant d’avancer vers un réel dépassement et non un meilleur aménagement du système.
Pour pousser plus loin la discussion en Europe, nos partenaires ont besoin de notre apport original, de nos propositions subversives et non de notre soumission au plus petit dénominateur de cette «meilleure social-démocratie », revendiquée si explicitement par Oskar Lafontaine.
Bernard Schneider